Non-axiome de la sémantique générale
version disponible en : en it ru zh ja de nl pt
crée le : 20240913- mis à jour le : 20240913- généré le: 20240913_140049
Les données d'Aristote sur la science de son temps constituèrent probablement ce qu'on pouvait savoir de plus précis à son époque. Ses successeurs, deux mille ans durant, sous-entendirent probablement qu'elles étaient valables pour tous les temps. Dans des années moins lointaines, de nouvelles méthodes de mesure détruisirent nombre de ces « vérités » mais elles continuent d'être la base des opinions et des croyances de bien des gens. La logique bi-valente selon laquelle ces gens raisonnent a reçu en conséquence le nom d'aristotélicienne -symbole : A -et la logique polyvalente de la science moderne a reçu le nom de non-aristotélicienne -Abréviation : non-A, Symbole : Ã.
L'esprit d'un enfant, faute d'un cortex développé, est virtuellement incapable de discrimination. L'enfant, inévitablement, fait maintes erreurs dans l'évaluation du monde. Beaucoup de ces jugements faux de fait sont intégrés par le système nerveux sur le plan du « non-conscient » et peuvent perdurer jusqu'à l'age adulte. Par suite, il peut se trouver qu'un adulte, mâle ou femelle, réagisse de façon infantile.
Dans l'intérêt de la raison, DATEZ. Ne dites pas : « Les savants croient. » Dites : « Les savants croyaient en 1948. . . » ou « Jean Dupont (1948) est socialiste. . . » Toutes choses, y compris les opinions politiques de Jean Dupont, sont sujettes au changement, et l'on ne peut, par conséquent, les mentionner que si elles sont déterminées dans le temps.
Dans l'intérêt de la raison, REPERTORIEZ. Ne dites pas : « Deux petites filles ». . . à moins que vous ne vouliez dire : « Marie et Jeanne, deux petites filles, distinctes l'une de l'autre et de tous les autres habitants du monde. . . »
Dans l'intérêt de la raison, prenez garde d'IDENTIFIER. Aucun événement, aucune chose, aucun être humain n'est absolument identique d'un moment à l'autre. Identifier conduit à voir le monde comme s'il ne changeait jamais alors qu'il est en constant mouvements. Pour éviter d'identifier, souvenez-vous que seuls les mots restent à peu près 'immuables'. Il provoquent l'illusion de la permanence. Même si ce gros rocher, là , semble inaltérable, il est en réalité, comme tout ce qui existe, en constante modification, mais nos sens imparfaits sont incapables de s'en rendre compte. On ne peut voir, sentir le mouvement permanent au niveau atomique qui provoque des modifications infimes, mais réelles, de toute matière.
Dans l'intérêt de la raison, utilisez la formule ET CETERA. Quand vous dites : « Marie est une bonne fille ! » ne perdez pas de vue que Marie est bien autre chose que « bonne ». Marie est « bonne », gentille, charmante, et cotera, ce qui signifie qu'elle possède encore d'autres caractéristiques. Il vaut la peine de se rappeler également que la psychiatrie moderne -1956-ne considère pas que l'individu tranquillement « bon » ait une personnalité très saine.
Dans l'intérêt de la raison, prenez garde d'ETIQUETER. Des mots comme : Fasciste, Communiste, Républicain, Catholique, Juif, se rapportent à des être humains, qui ne sont jamais tout à fait étiquetables.
Dans l'intérêt de la raison, apprenez à apprécier un événement en fonction de ses répercussions d'ensemble. Ceci inclut les modifications viscérales et nerveuses; les réactions émotionnelles, les pensées relatives à l'événement, le commen-taire formulé, l'action réprimée, l'action résultante, etc.
Dans l'intérêt de la raison, n'oublions pas l'inter-réaction. Un jugement peut conçerner la réalité,
Dans l'intérêt de la raison, souvenez-vous que : la carte n'est pas le territoire, le mot n'est pas la chose qu'il exprime. Chaque fois que l'on confond la carte avec le territoire, un «trouble sémantique» s'enracine dans l'organisme. Ce trouble persiste tant que l'on n'a pas reconnu les limitations de la carte.
Dans l'intérêt de la raison, rappelez-vous ceci : d'abord se produit l'événement, le stimulus initial; en second lieu, le choc nerveux provoqué par l'événement par le canal des sens; en troisième lieu, la réaction émotionnelle fondée sur l'expérience passée de l'individu, en quatrième lieu, la réaction verbale. La plupart des individus identifient la troisième et la quatrième étape et ignorent l'existence de la seconde et de la troisième. Dans l'intérêt de la raison, chaque individu doit éliminer les « blocages » de son système nerveux. Un blocage est une perturbation sémantique en raison de laquelle les réactions adéquates cessent de prendre naissance. Des blocages peuvent fréquemment être éliminés par l'usage convenable de la réaction cortico-thalamique « retardée », par auto-analyse ou par hétéro-analyse.
Il ne suffit pas de connaître les techniques d'entraînement non-A. Elles doivent être
assimilées jusqu'à devenir automatiques, c'est-à -dire non-conscientes. la période « discursive » doit faire place
à la période « active ». Le but doit être une souplesse totale des démarches mentales, en deçà du
plan verbal, à l'égard de n'importe quel événement. La sémantique générale à pour objet de donner à l'individu
un sens de l'orientation, et non pas un nouveau cadre indéformable.
La sémantique générale est une discipline, et non une philosophie. On peut conçevoir un nombre quelconque de nouvelles philosophies non-A. Le plus important pour notre civilisation serait sans doute la mise au point d'une économie politique non-A. On peut affirmer catégoriquement qu'il n'existe pas à l'heure actuelle un tel système. Le champs est ouvert aux hommes et aux femmes audacieux et imaginatifs qui désirent créer un système devant libérer l'humanité de la guerre, de la pauvreté et de la tension. Pour cela, il faudra éliminer du pouvoir ceux des êtres humains qui identifient.
Nos démarches nerveuses sont copiées sur celles de l'animal. Chez l'homme, des réactions nerveuses de ce genre aboutissent aux stades pathologiques et sans postérité de l'infantilisme en général, du comportement infantile public ou privé. . . Et plus une nation ou une race est techniquement développée, plus son système tend à devenir cruel, sans merci, prédateur et commercialisé. . . Tout ceci parce que nous continuons à penser comme des animaux et n'avons pas appris à penser substantiellement comme des êtres humains. (Alfred Korzybski)
Les problèmes de "l'évolution" sont verbaux et n'ont rien à voir avec la vie en tant que telle, qui est composée d'individus différents, la "similitude" étant structurellement un article manufacturé produit par le système nerveux de l'observateur.
Le bon sens, quoi qu'il fasse, ne peut manquer de se laisser surprendre à l'occasion. Le but de la science est de lui épargner cette surprise et de créer des processus mentaux qui devront être en étroit accord avec le processus du monde extérieur, de façon à éviter, en tous cas, l'imprévu. (Bertrand RUSSEL)
Une chose n'est pas ce que vous dites qu'elle est. . . Elle est bien plus. C'est un ensemble au sens le plus large. Une chaise n'est pas une chaise. C'est une structure d'une complexité inconcevable, atomiquement, électroniquement, etc. Par suite, la penser comme une simple chaise constitue ce que Korzybski appelle une identification. C'est la totalité de ces identifications qui produit le non-sain et l'insensé.
Lorsqu'il émet un jugement sur une action ou un événement, un individu « abstrait » une partie seulement de ses caractéristiques. S'il dit : « Cette chaise est noire », il doit indiquer que la noirceur n'est qu'une de ses qualités, et il doit avoir conscience, au moment ou il parle, de ses autres multiples caractères. La « conscience d'abstraire » constitue une des supériorités essentielles d'un individu entraîné sémantiquement sur un individu qui ne l'est pas.
L'expérience montre qu'il y a d'abord la 'sensation', puis ensuite 'l'idée'. La 'sensation'étant une abstraction, et 'l'idée'une abstraction d'abstraction de plus haut niveau. L'expérience montre aussi que parmi les humains, cet ordre est parfois inversé; que certains individus ont les 'idées'd'abord, quelques vestiges de mémoire, et les 'sensations'ensuite, sans avoir de raison extérieure pour ces 'sensations'. De tels individus sont considérés comme 'mentalement'malades. Ils 'voient'là où il n'y a rien à voir. Ils 'entendent'même s'il n'y a rien à entendre. Ils sont paralysés là où il n'y a aucune raison d'être paralysé et ainsi à l'infini. Cet inversion d'ordre, à un degré moindre, s'avère extrêmement commune et entretient presque toutes les malchances et difficultés humaines.
Dans l'intérêt de la raison, utilisez des REFERENCES : par exemple, le « conscient » et l'« inconscient » sont deux termes descriptifs utiles; mais il reste à prouver que ces termes eux-mêmes reflètent avec précision l'« existant » au niveau des faits. Il existe des cartes de territoires sur lesquels nous ne porrons jamais avoir de renseignements exacts. L'entrainement non-A étant destiné aux individus, l'essentiel est de rester conscient de la signigication « multi-ordinale », c'est à dire polyvalente, des mots que l'on entend ou que l'on prononce.